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Yves Pires

 

Mon rêve familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

D'une femme inconnue et que j'aime, et qui m'aime

Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même,

Ni tout à fait une autre, qui m'aime et me comprend.

 

Car elle me comprend et mon coeur, transparent

Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème

Pour elle seul, et les moiteurs de mon front blême,

Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

 

Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l'ignore.

Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore

Comme ceux des aimés que la Vie exila.

 

Son regard est pareil au regard des statues,

Et pour sa voix, lointaine, si calme et grave, elle a

L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

 

 Paul Verlaine Poèmes saturniens Poèmes et Art ® Mya Desévigny

 

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